Atelier Martine (1911-1929)

L’Atelier Martine, fondé en avril 1911 par le couturier Paul Poiret, est une initiative révolutionnaire dans le monde des arts décoratifs, marquée par l’originalité des formes, la liberté de création et la spontanéité des jeunes talents qu’il accueille. Nommé d’après sa fille Martine, cet atelier devient un lieu emblématique où la jeunesse créative trouve sa place. Situé au 107, rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, il se distingue dès ses débuts par son approche novatrice et son atmosphère libérée.

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Cet atelier se distingue par la vision audacieuse de Poiret, inspirée par ses voyages en Autriche et en Allemagne, notamment par l’influence des Wiener Werkstätte et de l’architecture de Josef Hoffmann. Ce dernier, plus qu’un simple lieu d’apprentissage, devient un véritable laboratoire créatif, où de jeunes filles, souvent âgées d’une douzaine d’années, sont encouragées à dessiner librement d’après nature, dans un cadre à la fois sauvage et naturel, comme au Jardin des Plantes ou à la campagne. Libérées de toute contrainte académique, elles produisent des œuvres empreintes de fraîcheur et de spontanéité, souvent caractérisées par des motifs floraux vifs et des compositions inspirées par l’imagerie populaire, l’Orient et les arts primitifs.

Les œuvres créées par ces jeunes artistes ne sont pas simplement des dessins : elles prennent vie sous forme de tissus imprimés, de tapis, de papiers peints, de céramiques. Ces créations sont ensuite fabriquées et mises en vente dans la boutique de Poiret, ouverte au 83, rue du Faubourg Saint-Honoré à l’automne 1911. La boutique devient un véritable centre de diffusion de l’esthétique Martine, où des objets décoratifs mais aussi des flacons et des vaporisateurs pour les parfums Rosine attirent une clientèle sophistiquée et avide de nouveauté.

Au-delà des créations textiles, l’Atelier Martine se distingue par la production de meubles caractéristiques, au style cubiste et aux couleurs vives, souvent réalisés en bois peint ou en matériaux rares. Ces meubles complètent harmonieusement les décors réalisés par les jeunes filles de l’atelier. Ce mobilier original est présent dans des lieux prestigieux, y compris dans les péniches de Paul Poiret, aménagées avec les créations de l’atelier pour l’Exposition universelle.

Paul Poiret, conscient du potentiel de ses élèves, ne se contente pas de les encourager à peindre, mais leur enseigne également d’autres arts décoratifs comme la peinture sur porcelaine, la poterie, le vitrail ou encore la verrerie. Ce vaste éventail de techniques permet aux jeunes filles de diversifier leurs talents et d’approfondir leur compréhension de la décoration. Leur travail est reconnu et apprécié par des personnalités de l’époque telles que l’artiste Kees Van Dongen ou le Baron de Précourt, pour ne citer que quelques-uns des nombreux clients qui sollicitent leurs créations. En 1915, l’atelier décore même l’hôtel particulier de l’actrice Spinelly, situé au Champ-de-Mars, un projet qui inclut la collaboration de Paul Iribe pour le mobilier et Fauconnet pour les éléments décoratifs.

Le style de l’Atelier Martine est une parfaite fusion de l’art moderne et du goût pour l’exubérance des couleurs et des formes. Il devient rapidement un symbole du renouveau décoratif du début du XXe siècle et attire notamment l’attention des avant-gardes artistiques.

Œuvres