Guidette Carbonell (1910-2008)

Marguerite dite « Guidette » Carbonell (1910- 2008) est née à Meudon d’un père médecin d’origine catalane et d’une mère arménienne venue étudier la peinture à Paris. Ses deux origines nourrissent tout au long de sa carrière son imaginaire créatif de fait atypique et véritablement unique. Les folklores populaires catalans et arméniens lui inspirent un univers artistique profondément onirique qui ressort de l’esthétique du conte, du merveilleux et du fantastique.

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Marguerite dite « Guidette » Carbonell (1910- 2008) est née à Meudon d’un père médecin d’origine catalane et d’une mère arménienne venue étudier la peinture à Paris. Ses deux origines nourrissent tout au long de sa carrière son imaginaire créatif de fait atypique et véritablement unique. Les folklores populaires catalans et arméniens lui inspirent un univers artistique profondément onirique qui ressort de l’esthétique du conte, du merveilleux et du fantastique.

Guidette dessine dès l’âge de cinq ans et passe à cette époque tous ses étés chez ses grand-parents, dans le Roussillon, où elle observe ainsi très jeune le travail des artisans d’une briqueterie voisine. A 15 ans, alors qu’elle est à Paris, elle fréquente plusieurs ateliers où elle perfectionne sa pratique du dessin : elle suit les cours d’André Lhote à la Grande-Chaumière, d’Othon Friesz à l’Académie Suédoise et de Roger Bissière à l’Académie Ranson. Elle se forme un peu plus tard à la céramique, et en particulier au modelage, dans une école d’arts appliqués rue de Fleurus. Guidette se lance dès lors rapidement dans la création céramique, sa pratique étant influencée par d’autres artistes : elle partage son premier atelier à Vitry avec le céramiste catalan Josep Llorens i Artigas, réputé pour sa collaboration avec les peintres Raoul Duffy et Joan Miró. Ses premières réalisations sont exposées en 1928 au Salon d’Automne au côté de celles de Paul Beyer, Emile Decoeur, Auguste Delaherche ou encore Jean Mayodon. Dejà, elle s’y démarque avec des pièces colorées et malicieuses, savamment imaginées par l’artiste qui les conçoit à la pointe de son crayon avant de les modeler à la main.

Passant du figuratif à l’abstrait, incorporant à la terre ou au ciment des éléments insolites, verre ou métal, elle exprime, avec parfois une qualité d’inachevé très actuelle, un monde intérieur troublant, dans lequel on retrouve l’imaginaire de l’enfance. Nourrie de culture orientale, subjuguée par les représentations romanes et primitives, Guidette déploie un bestiaire fabuleux d’une étrangeté frappante où l’humain se mêle peu à peu à l’animal.

Ses oeuvres sont un excellent témoignage du décloisonnement des pratiques artistiques inauguré à la fin du XIXème siècle et qui connaît son plein déploiement au début du XXème siècle : ses céramiques sont profondément nourries de peinture et de sculpture. Dans les années 1950, Guidette réa- lise même de très importants panneaux muraux et bas-reliefs en céramique et en pierres assemblées. Son aventure céramique l’occupe cependant jusqu’à la fin des années 1960, période à laquelle elle se tourne vers la tapisserie. Ces dernières créations se composent alors de fragments de tissus collés et cousus.

Toute son œuvre qui, des années 1930 jusqu’aux années 1990, a exploré les univers de la mythologie, de la musique, de la poésie et de la science avec un émerveillement constant devant la nature, apparaît aujourd’hui comme une expression très contemporaine. De son vivant, plusieurs expositions institutionnelles lui sont consacrées, notamment par l’Association française d’action artistique (AFAA) qui diffuse ses oeuvres à l’international. Plus récemment, en 2007, une importante exposition retrospective de son travail est organisé au Musée des Arts décoratifs de Paris (MAD), à La Piscine de Roubaix et au Musée de la Céramique de Rouen.

Œuvres